La ville de Saint-Cyprien
Petite ville née autour d’une abbaye de chanoines réguliers de Saint-Augustin, qui aurait été bâtie sur la tombe d’un ermite appelé Cyprien. Cet ermite se serait installé en l’an 620 dans les grottes de Fages qui surplombent l’actuel village. Il y aurait fondé un monastère. Les invasions barbares, à partir de 848, obligent les religieux à s’entourer de remparts, dont le clocher-donjon est un vestige.
En 1076, le monastère, rattaché à l’ordre des Augustins, devient si florissant que Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux et futur pape Clément V, le place sous sa juridiction.
Pendant la guerre de Cent Ans, Saint-Cyprien va souffrir de sa position avancée sur la frontière entre l’Aquitaine d’Aliénor et le Royaume de France.
Le Château des Fages et le prieuré sont incendiés par les armées calvinistes pendant les Guerres de religion, en 1568. En 1685, le monastère est reconstruit. Déclaré « bien national », il est vendu le 23 avril 1791 à la commune pour la somme de 8 125 francs. En 1871, la Régie française des tabacs le transforme en entrepôt après avoir abattu le cloître et fait murer les portes de communication avec l’église qui était devenue « temple de la Raison consacré à l’Être Suprême »(1) en 1792.
La commune porta, au cours de la période révolutionnaire de la Convention nationale (1792-1795), le nom de Cyprien-sur-Dordogne
1 – Le culte de la Raison des Hébertistes athées (automne 1793 – printemps 1794) puis le culte de l’Être suprême des Montagnards déistes (printemps – été 1794) sont, en France, un ensemble d’événements et de fêtes civiques et religieuses. Le théophilanthropisme est une émanation du culte de l’Être suprême apparu en 1796 (26 nivôse an V) et interdit en 1803.
Il est explicitement fait référence à l’Être suprême dans le préambule de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, qui est un pilier du système juridique, politique et social français :
« L’Assemblée Nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les droits suivants de l’Homme et du Citoyen ».
Histoire de l’abbaye de Saint Cyprien
Le moyen âge
La légende raconte que, vers l’an 620, un ermite du nom de Cyprien2 s’installe dans une grotte de Fages dominant la Vallée de la Dordogne près du bourg. Il a attiré d’autres religieux. Un monastère va se construire pour recevoir la communauté avec une église autour de son tombeau. Il ne reste rien des bâtiments du VIIe siècle. Peut-être la présence des Sarrasins, près de Beynac, pourrait expliquer des destructions de bâtiments. Aucun texte du VIIIe et IXe siècles ne cite le monastère.
Les invasions des Vikings, à partir de 848, obligent les religieux à protéger l’abbaye par des remparts.
En 1076, les moines adoptent la règle de saint Augustin.
Le monastère est affilié à l’abbaye de Chancelade au XIIe siècle. Le monastère devient va devenir un de ses prieurés. En février 1239, le prieur de Saint-Cyprien signe un acte passé entre Pierre de Gontaud et Guillaume de Biron.
Le clocher-donjon, ancienne tour de guet, a été construit au XIIe siècle. Il est percé de meurtrières avec des contreforts plats et des murs épais de près de 1,50 m.
Au Moyen Âge, l’abbaye de Saint-Cyprien est riche grâce à l’exploitation des terres des bords du fleuve. Installé à flanc de coteau, le bourg constitue un poste stratégique pour l’observation du trafic fluviale. Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, devenu le pape Clément V, place l’abbaye sous sa juridiction.
L’église a dû être construite au XIIIe XIVe siècles.
Le bourg est ravagé par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans. En 1433, l’évêque de Sarlat, Bertrand de La Cropte, obtient le 24 avril 1431 du pape Eugène IV la permission de posséder plusieurs bénéfices en même temps en raison de la modicité des revenus de son évêché. Deux ans plus tard, par une bulle datée de Rome le 30 juin 1433, pour la même raison, il obtient la réunion à la mense épiscopale de Sarlat le prieuré conventuel de Saint-Cyprien dont les revenus avaient diminué à cause de la guerre. Cette réunion est confirmée en 1435.
L’église a eu à souffrir des affrontements entre catholiques et les protestants pendant les guerres de religion. L’église est incendiée en 1585 par les huguenots et sert d’arsenal. La nef est utilisée pour fondre des canons.
Restauration de l’abbatiale au XVIIe siècle
L’abbaye de Chancelade essaie de rénover la vie monastique de Saint-Cyprien en 1666. Le prieur Jacques Dunoyer entreprend de restaurer l’église en 1685. La nef est presque entièrement construite ainsi que la façade.
Un nouveau mobilier est placé dans l’église : 32 stalles placées dans le chœur, chaire, autel en marbre polychrome, autels latéraux et le buffet d’orgue.
Les bâtiments monastiques composés d’un corps de logis et de deux ailes sont alors reconstruit à ses côtés.
Le clocher-donjon est raccordé à l’église avec le percement de l’oculus de l’horloge au XVIIe siècle.
Monseigneur Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, est exilé par Louis XV au château de la Roque, à Meyrals, à la suite d’un désaccord avec des ordres religieux. Son cœur a été placé dans le deuxième pilier à droite de l’entrée.
De la Révolution à nos jours
L’abbaye Saint-Cyprien et son église sont déclarées bien national. La commune les rachètent en 1791 pour 8 125 francs. Les bâtiments monastiques vont accueillir au cours du temps un hospice, une bibliothèque, une salle populaire.
Le prieur au moment de la Révolution est Joseph Prunis. Avant 1789, il était aussi censeur royal et historiographe de la province. Il a été nommé maire de Saint-Cyprien.
L’église est transformée en temple de la Raison en 1793, ont été saccagées pendant la Révolution. Elle sombre alors dans l’oubli.
En 1804, une religieuse chassée de son couvent en Flandres aurait apporté à l’abbaye Saint-Cyprien une épine provenant de la Couronne du Christ. Elle aurait été donnée par Louis IX au couvent flamand de cette religieuse. Cette relique a été volée en 1997.
L’église est classée Monument historique en 1841.
L’église est restaurée en 1862-1863 : la façade occidentale et les deux premières travées sont entièrement reconstruites.
En 1871, les bâtiments conventuels servent de magasin pour le tabac. Les communications entre le cloître et l’église sont obstruées. En 1978, changement de vocation avec l’arrivée d’Armen Petrossian – le spécialiste du caviar – au travers d’une conserverie de foie gras et de plats cuisinés du terroir sous le nom d’Auguste-Cyprien. Mais, en 1996, le lieu qui employait encore 70 salariés est devenu le théâtre d’un feuilleton économico-judiciaire qui a duré plusieurs années.
En 2001 le Conseil Général devient propriétaire, plusieurs projets dne virent pas le jour. en 2008 le bâtiment est cédé à un promoteur, qui aménage près de 50 appartements, mis à la location entre 2012 et 2013.
L’église est déclassée en 1883 à la suite des travaux dans l’abbaye.
Elle sera reclassé en 1923.